Panneau d’introduction. Le panneau rétro-éclairé est de Darryl Hartle, 23 Below Design. Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

Le développement durable : nous soucier de notre avenir à tous

Pamela McKenzie

Le Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba est situé à Winnipeg dans un poste de Manitoba Hydro en exploitation. À l’occasion de sa 20e année d’existence, cette institution a remis à neuf la galerie du rez-de-chaussée et réaménagé entièrement l’étage inférieur. Dans le cadre de discussions remontant à 2019 sur la façon de faire en sorte le musée demeure pertinent à la fois pour la collectivité à l’échelle locale et pour un monde aux prises avec le changement climatique et les problèmes environnementaux ainsi qu’avec la vérité et la réconciliation, il a été décidé de concentrer les efforts sur le thème général du développement durable. Les différents volets de l’exposition montrent comment l’hydroélectricité, en tant que source d’énergie renouvelable, contribue aux objectifs de développement durable au Manitoba et, de façon plus générale, au Canada.

Panier holistique. Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

Le concept de développement durable a été introduit dans le rapport intitulé Notre avenir à tous, publié en 1987 par une commission spéciale des Nations Unies, plus précisément la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Depuis, cette expression en est arrivée à prendre de nombreux sens différents pour bien des gens. Le plus souvent, on l’associe à la protection de l’environnement. Bien que la protection de l’environnement en fasse partie intégrante, le développement durable est un concept beaucoup plus large qui englobe un plus vaste éventail de valeurs, soit l’égalité des genres, les droits de la personne, la promotion de la paix, de la sécurité et de la résolution non violente des conflits ainsi qu’une promotion active de la diversité culturelle et des droits des peuples autochtones.

Dans cette nouvelle exposition, nous avons mis l’accent sur une source d’énergie durable – l’hydroélectricité – et sa relation avec l’environnement des peuples autochtones du Manitoba.

Indigenous Learning Circle (Cercle d’apprentissage autochtone). Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

Partenaires autochtones pour le développement durable

Par le passé, la construction d’installations hydroélectriques a eu des répercussions considérables sur les communautés autochtones du Nord. L’aménagement de réservoirs a endommagé les territoires traditionnels de chasse et de pêche, perturbé des sites d’importance sur le plan culturel et provoqué le déplacement de communautés entières. Il ne s’agissait pas d’une pratique durable. Un plan d’action s’imposait pour résoudre les problèmes et éliminer les obstacles dans le but d’établir et d’entretenir des relations harmonieuses à long terme.

En 2009, quatre communautés autochtones se sont associées à Manitoba Hydro pour construire la centrale de Keeyask (keeyasak est un terme cri qui signifie « goéland ») sur le fleuve Nelson. Cette énorme centrale de 695 MW se trouve sur le territoire ancestral des quatre Premières Nations partenaires. Ces communautés – Nation crie de Tataskweyak, Première Nation de War Lake, Première Nation de York Factory et Première Nation de Fox Lake – ont négocié des possibilités d’emploi et d’affaires pour assurer le développement de leur économie et l’avenir de leurs jeunes.

En 2004, la Nation crie de Nisichawayasihk est devenue un partenaire de Manitoba Hydro pour le développement durable dans le cadre de la construction de la centrale de Wuskatim ( wuskatim est un terme cri qui signifie « barrage de castor »). Cette centrale de 200 mégawatts (MW) est située sur la rivière Burntwood dans le nord de la province. On a eu recours au savoir traditionnel pour ramener à moins d’un kilomètre carré la superficie de la zone inondée. Ce partenariat a généré des avantages pour la communauté à long terme, notamment au chapitre de l’acquisition et du perfectionnement de compétences.

Les bénévoles du musée testent les jumelles virtuelles. Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

Les responsables du musée estimaient qu’il s’agissait là de récits importants qui méritaient d’être relatés en détail. À la fin de 2019, ils ont mis sur pied un comité d’exposition composé d’un chercheur, d’un rédacteur, d’un dirigeant de centrale à la retraite, d’employés du musée et de trois membres de communautés autochtones. Non seulement de nouveaux liens ont été établis pour les besoins de cette exposition, mais aussi l’expertise et l’apport des membres autochtones ont été mis à profit dans tous ses volets. Un élément clé de l’exposition réside dans une série d’entrevues mettant en vedette un aîné autochtone et un gardien du savoir autochtone qui parlent des connaissances traditionnelles autochtones établissant un lien entre la Terre, l’eau et toute la vie sur terre. Le musée a retenu les services d’une jeune cinéaste autochtone, propriétaire d’une nouvelle entreprise primée, qui a fait entendre une voix cohérente et distinctive dans nos présentations vidéo. Avec les bancs en rondins et les médicaments traditionnels, notre cercle d’apprentissage constitue le cadre idéal pour ces enseignements importants.

Des arbres et des télépostes. Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

La deuxième zone importante est consacrée aux répercussions de l’hydroélectricité sur l’environnement et la faune. Manitoba Hydro se conforme à de vastes plans environnementaux qui portent sur la gestion des sédiments, la compensation et la migration des pêches, le rétablissement de la végétation, la mise en œuvre de voies de migration terrestre, la gestion de l’accès et la protection des ressources patrimoniales. Les partenaires autochtones surveillent les voies navigables du Nord et s’efforcent de revitaliser l’habitat naturel des arbres, des espèces herbacées et de la faune. Grâce au volet spécial de notre exposition intitulé Windows on Wildlife (fenêtres sur la faune), les visiteurs peuvent se familiariser avec l’esturgeon jaune, le caribou des bois et le faucon pèlerin dans leur environnement naturel. Les connaissances traditionnelles autochtones portant sur l’habitat naturel, les voies navigables et le comportement des poissons, des oiseaux et de la faune ainsi que sur des écosystèmes rares sont essentielles pour atteindre un équilibre entre les objectifs de développement durable et les besoins des humains et de la nature.

Jeunes et éducation

Tout en traitant d’un sujet sérieux comme le développement durable, l’exposition fait vivre une expérience captivante centrée sur les jeunes. Notre musée vient tout juste de rouvrir ses portes. Cependant, le personnel sur place peut constater que les éléments interactifs du cercle d’apprentissage et le volet Windows on Wildlife, qui livrent d’importants messages axés sur la protection de la nature et la conscience environnementale, sont réellement attrayants pour les jeunes.

L’exposition s’adresse aux gens de tout âge. Le volet Windows on Wildlife permet de voir des vidéos animalières au moyen de jumelles virtuelles incrustées dans le panneau de texte illustré à trois hauteurs différentes (42 po, 55 po et 68 po) pour les visiteurs, grands et petits, ayant des capacités différentes. En outre, cette option mains libres imaginée par la conceptrice d’exposition Paula Kelly – au lieu de jumelles véritables tenues à la main – est adaptée aux restrictions sanitaires liées à la COVID19. Les petits musées ont parfois de la difficulté à trouver un financement pour retenir les services de concepteurs d’exposition professionnels, mais nous avons jugé qu’il s’agissait d’une dépense justifiée pour avoir l’assurance que le contenu de notre exposition provoquerait la réflexion et divertirait, tout en conservant une facture très professionnelle.

Par ailleurs, l’exposition sert de complément à de nouveaux programmes scolaires lancés en septembre. Les enseignants traiteront de thèmes clés du développement durable : réduction de la pauvreté, droits de la personne, santé, protection de l’environnement et changement climatique. Grâce à cette exposition, le musée est maintenant bien outillé pour faire vivre une expérience pratique et interactive qui permettra de renforcer et d’illustrer ces concepts clés et d’appuyer l’apprentissage en classe.

Dans une optique individuelle, le musée demande aux visiteurs ce qu’ils feraient pour protéger la planète. Cette question les amène à prendre conscience que leurs actions personnelles peuvent porter leurs fruits. En se rendant à l’école ou au travail à pied, en plantant un arbre, en cultivant un jardin, en recyclant les contenants de boisson, en économisant l’eau ou simplement en éteignant la lumière lorsqu’ils quittent une pièce, chacun peut avoir une incidence positive et, à terme, contribuer à la création d’un monde meilleur pour tous. Nous savons que la parole et les actions des jeunes sont essentielles pour assurer le développement durable, car ce sont eux qui seront le plus touchés à l’avenir par les décisions prises aujourd’hui.

Donc, voici l’objectif : enseigner les valeurs fondamentales du développement durable, se préoccuper de la planète et veiller à ce que la Terre demeure propre, verte et sûre pour les générations futures. Faire preuve de responsabilité et de respect et savoir se renouveler. Nous sommes fiers et heureux de contribuer à ce dialogue. M

Photo — Centre d’éducation et Musée de l’électricité du Manitoba

Pam McKenzie est l’administratrice du Centre d’exposition et Musée de l’électricité du Manitoba. Auparavant, elle a dirigé pendant de nombreuses années la bibliothèque et les archives le Musée de l’aviation royale de l’Ouest canadien. Mme McKenzie a publié deux ouvrages : The Lewis Letters, une biographie historique, ainsi que Violet in Silence, un recueil de poésie illustré s’adressant aux enfants. Elle a servi de mentor à de nombreux jeunes professionnels des musées au fil des ans et a extrêmement confiance dans l’avenir des musées au Canada.

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