Message de la présidente

Au-delà du rapatriement, il s’agit d’être porté à l’action

Heather George

Heather George

Œuvre d’art créée par Tiaré Jung pour le rapport Portés à l’action. ©Association des musées canadiens, 2022

L’Association des musées canadiens a publié une déclaration ferme à l’appui de l’autodétermination des peuples autochtones avec la parution de son rapport intitulé « Portés à l’action : Appliquer la DNUDPA dans les musées canadiens, une réponse à l’Appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation ». La semaine dernière, l’Association des musées canadiens a publié une déclaration ferme à l’appui de l’autodétermination des peuples autochtones avec la parution de son rapport intitulé « Portés à l’action : Appliquer la DNUDPA dans les musées canadiens, une réponse à l’Appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation ». Le rapport a fait l’objet d’une grande attention de la part des médias — malheureusement, la plupart d’entre eux se sont concentrés sur le prix éventuel de ses recommandations sur le rapatriement des biens autochtones.

Heather George

Le travail de la muséologie autochtone traverse les frontières internationales imposées. Heather George est photographiée ici dans les archives du centre culturel de la nation Onedia à Oneida Wisconsin.

Focaliser la discussion de ce rapport exhaustif sur un élément donné de la relation des musées avec les peuples autochtones — si important soit-il — équivaut à passer à côté de conversations plus fondamentales qui ont lieu sur la plus grande place à donner à l’autodétermination des Autochtones dans les espaces muséaux.

La focalisation sur les coûts du rapatriement assigne un prix à la Réconciliation. Elle situe cette question dans le cadre d’un jeu à somme nulle, ou en fait un simple choix politique. Ce n’est en fait rien de tout cela. Nos systèmes juridiques — les traités et la Loi sur la DNUDPA récemment adoptée — nous disent qu’il ne s’agit pas d’une question de diversité et d’inclusion; ce sont des obligations légales que le Canada doit respecter.

Heather George

La muséologie autochtone est influencée par de nombreuses formes de culture autochtone, y compris les lois et les conceptions de la souveraineté, les pratiques artistiques, la relation à la terre et au lieu et les études universitaires.

Le rapatriement, bien qu’essentiel, n’est qu’un outil à la disposition des musées pour soutenir la Réconciliation et l’autodétermination. Si nous limitons la conversation à cela, nous excluons 75 pour cent des musées du Canada qui n’abritent pas d’artefacts autochtones.

Le rapport « Portés à l’action » était centré sur la nécessité d’élaborer des relations à long terme significatives entre les musées et les communautés autochtones, et de prioriser les voix autochtones lorsqu’on raconte les histoires de nos nations.

Les musées sont les gardiens de l’histoire, mais beaucoup n’ont pas dit toute la Vérité. Prévoir de la place au sein de nos établissements et de notre secteur pour les leaders autochtones, et pour une orientation faisant autorité, permettra d’obtenir une version plus équilibrée du passé de notre nation.

La Vérité est essentielle. Sans elle, aucune Réconciliation n’est possible.

Se focaliser sur la perte d’objets dans les collections des musées ou sur le coût de leur restitution est également réducteur. Cela met l’accent sur le coût pour les établissements non autochtones, et non sur les coûts qui ont déjà été vivement ressentis par les communautés autochtones privées de l’accès à leurs ancêtres, à leurs biens et à leur patrimoine culturel.

Heather George

Les organisations autochtones, y compris les centres culturels comme le centre culturel Woodland de Brantford, ont toujours joué un rôle de premier plan dans ce domaine. Sur la photo, Patricia Deadman et Christopher Ashkewe lors de l’inauguration d’Indigenous Art 2022.

L’inaction a également un coût. Il y a trente ans, l’Association des musées canadiens et l’Assemblée des Premières Nations ont produit ensemble un rapport intitulé « Tourner la page ». Si les conseils figurant dans ce rapport avaient été suivis, nous n’aurions peut-être pas eu besoin de « Portés à l’action ».

Trois ou quatre ans seulement après sa publication, le rapport n’a plus été discuté, promu ou mis à jour.

Pourquoi? Parce qu’il n’y avait aucun leadership national ni aucune volonté politique généralisée d’agir sur ces questions. De ce fait, alors que les organisations provinciales et les musées individuels ont poursuivi le travail, celui-ci a été globalement peu soutenu, voire pas du tout.

Par conséquent, certains musées ont tenu ce travail à cœur, alors que d’autres l’ont ignoré, ce qui a entraîné une disparité entre la façon dont les musées abordent la Réconciliation aujourd’hui. C’est pourquoi il a fallu faire des investissements à plusieurs reprises, et le travail a dû être recommencé ou refait.

Heather George

Heather considère que son travail est intergénérationnel et qu’il est motivé par la création d’un meilleur avenir pour les jeunes et les enfants autochtones, notamment sa propre fille Maxine Kaiswatum, photographiée ici à la Galerie d’art d’Ottawa.

Ne commettons pas la même erreur. L’occasion nous est maintenant donnée de soutenir non seulement le rapatriement, mais toutes les recommandations du rapport. Nous devons unir nos efforts en tant que communautés et quitter un lieu de culpabilité, de tristesse et de peur pour un lieu d’action.

En exploitant l’indignation collective des Canadiens face à la Vérité sur le système de pensionnats indiens, nous pouvons faire évoluer les relations entre les musées et les peuples autochtones. Nous pouvons aborder l’histoire de notre nation à partir d’un lieu de vérité, en accord avec nos obligations morales, éthiques et juridiques.

Nous devons agir maintenant. M

Heather George est la présidente de l'Association des musées canadiens.

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