Quand la catastrophe survient :
leçons apprises et histoire de survie

« Lequel des tableaux du Musée des beaux-arts du Canada sauverais-je en cas d’incendie? Évidemment, celui le plus proche de l’issue. » — Attribuée à George Bernard Shaw

La citation de George Bernard Shaw ci-dessus, bien qu’elle soit humoristique, sous-entend une part de vérité en ce qui a trait aux réalités relatives à la planification des mesures d’urgence pour de nombreuses institutions. Il faut espérer que la récente tragédie qui a ravagé le Musée national de l’université fédérale de Rio de Janeiro peut servir d’avertissement aux musées pour leur faire comprendre que la menace que représente une éventuelle catastrophe est réelle et que toute préparation anticipée à celle-ci contribuera grandement à atténuer les dommages. 

Quand j’ai appris la nouvelle à propos des pertes subies au Brésil, cela m’a évoqué la soirée du 17 décembre 2003. J’ai reçu un appel téléphonique m’informant que le Oshawa Museum avait pris feu et que je devais me rendre sur les lieux dès que possible. Heureusement pour nous, les dommages ont été limités aux aires de bureau de l’immeuble et les fonds d’archives ont été épargnés. Toutefois, vivre une catastrophe de cette ampleur m’a permis de tirer d’importantes leçons qui, à mon avis, seraient utiles à la communauté muséale.

Disposer d’une planification des mesures d’urgence mise à jour de façon régulière.

Une planification à jour des mesures d’urgence est essentielle au déploiement d’une intervention rapide en cas de catastrophe. Il faut au moins avoir une liste de contacts du personnel et de collègues locaux auxquels vous pouvez faire appel à tout moment, le jour comme la nuit, pour obtenir de l’aide.

Établir des priorités claires.

Créer une liste des objets d’art les plus importants dans chaque salle du musée. Étiqueter d’un autocollant fluorescent les boîtes de rangement des objets d’art importants dans les archives pour faciliter leur identification. En tant que premier membre du personnel sur les lieux, les pompiers vous demanderont peut-être ce qu’ils devraient récupérer dans la mesure du possible.

J’ai pu orienter les efforts des autorités vers la zone d’entreposage des fonds d’archives, qu’ils ont immédiatement commencé à évacuer. Cependant, j’ai été frappé plus tard par le fait que, comme les fonds d’archives étaient entreposés dans une seule pièce, la décision a été relativement facile à prendre. Si l’incendie s’était produit dans les deux autres bâtiments, il aurait été beaucoup plus difficile de coordonner les actions à mener pour préserver les objets d’art.

Investir dans des équipements d’entreposage de bonne qualité.

La raison pour laquelle les boîtes de rangement de qualité archivistique sont si chères est parce qu’elles sont efficaces. Incitez votre conseil d’administration ou ceux qui prennent des décisions budgétaires à investir dans des équipements d’entreposage de qualité, car ils sont nécessaires; ils peuvent déterminer si vos objets d’art seront préservés ou perdus dans l’éventualité d’un désastre.

Dans notre cas, une grande partie des fonds d’archives a été épargnée par les dégâts importants causés par la fumée et l’eau grâce aux boîtes Hollinger que nous avons utilisées.

L’incendie du Oshawa Museum a sans doute été la période la plus difficile de ma carrière, mais nous avons réussi à nous en sortir plus forts et meilleurs qu’avant. Bien sûr, il n’y a aucun moyen de prévoir toute catastrophe potentielle, mais des situations comme la perte dévastatrice au Brésil devraient servir de catalyseur pour un changement à l’échelle locale et nationale pour s’assurer que le patrimoine de notre pays est protégé partout au Canada.

Ce rapport muséologique a été rendu possible grâce au financement du Gouvernement du Canada. Ce rapport a été également publié dans le magazine Muse, numéro novembre/décembre 2018